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Le signe, Sémiotique/Sémiologie : Peirce/saussure
2« SEMIOTIQUE » in Dictionnaire théorique et critique du cinéma
par Jacques Aumont et Michel Marie, Nathan, 2001.
Si le suisse francophone Ferdinand de Saussure définit le programme de la sémiologie, c'est
le logicien américain Charles S. Peirce qui a proposé celui de la sémiotique dont
le projet est très parallèle.
Peirce entend étudier tous les systèmes de
signes créés par l'homme, indépendamment
du modèle linguistique. « Sémiologie » a donc désigné plutôt les recherches francophones à partir
de Roland Barthes, et « Sémiotique » les recherches anglophones et celles qui ont été influencées par
ce courant. Ainsi Peter Wollen [1968] oppose-t-il aux conceptions
de Saussure et de Christian Metz, qui lui semblent exagérer
l'importance du verbal dans le filmique, le modèle
de Peirce ; il met ainsi l'accent, d'une part sur l'importance
des aspects indiciel et iconique dans le film, d'autre part
sur la possibilité d'une véritable « dimension
conceptuelle » du cinéma utilisant la rhétorique
et toutes les formes du symbolisme.
De façon plus générale, la
sémiotique a fini par englober la sémiologie au moment où celle-ci s'est intéressée
aux rapports qu'entretiennent les signes et les symboles
avec l'inconscient et la production littéraire puis
artistique au sens large.
3Gérard Deledalle, Lire Peirce aujourd'hui, Bruxelles, Deboeck-Westmael, 1990, p.111-112.
A l'inverse de celle de Saussure, la théorie
des signes de Peirce est plurielle
et engagée (avec ou sans signification politique
selon que son lieu d'application est ou n'est pas politique).
Cette conception plurielle et engagée du signe tient
à la nature même du signe dans la sémiotique
peircienne.
Le signe est une relation triadique.
La triadicité peircienne du signe a une double origine,
mathématique et kantienne. Mathématique:“Il
est impossible de former un trois authentique sans introduire
quelque chose d'une nature différente de l'unité
et de la paire”. Ainsi “le fait
que A offre à B un cadeau C est une relation triple
et en tant que telle il n'est pas possible de la ramener
à une combinaison de relations doubles”. En
fait, l'idée même d'une combinaison implique
celle de tiercéité, car une combinaison est
quelque chose qui est ce qu'il est par les parties qu'il
met en relation. […]
Que la théorie saussurienne
soit dyadique est un fait. Toutes les analyses de
Saussure sont dichotomiques:signifiant/signifié, langue/parole,
synchronie/diachronie, etc. Faut-il y voir la marque du
“tempérament dichotomique” de Saussure,
comme le suggère Marcel Cohen, que ce dichotomisme
n'est “nullement nécessaire à l'étude
de la linguistique”. C'est en fait parce que la sémiologie
saussurienne est associationniste qu'elle est dualiste
— comme toute
la philosophie occidentale depuis Platon, y compris
le cartésianisme que l'associationnisme prolonge.
Alors que, pour Peirce la sémiotique est un autre nom de la logique: “la doctrine quasi nécessaire ou formelle des
signes” [2.227], pour Saussure, la sémiologie fait “partie de la psychologie sociale et par conséquent
de la psychologie générale” [Cours, 33]. Disons cependant, pour éviter
tout malentendu, que ce qui est en question ici est la place
que la théorie des signes occupe parmi les autres
“sciences”.
4Gilles
Deleuze, “La crise de l'image-action”,
Cinéma 1, L'image-mouvement, Minuit, 1983, p.267.
… car la relation est
toujours tierce, étant nécessairement extérieures
à ses termes. Et la tradition philosophique distingue deux espèces de relations,
relations naturelles et relations abstraites, la signification étant plutôt du côté des premières,
et la loi, ou le sens, plutôt
du côté des secondes. Par les premières,
on passe naturellement et facilement d'une image à une autre:par exemple d'un portrait à son modèle, puis aux circonstances
dans lesquelles le portrait fut fait, puis à l'endroit
où le modèle est maintenant, etc. Il y a donc
formation d'une suite ou série habituelle d'images, qui n'est pas illimitée toutefois,
car les relations naturelles épuisent assez vite
leur effet. La seconde espèce de relations, la relation
abstraite, désigne au contraire une circonstance
par laquelle on compare deux images
qui ne sont pas unies naturellement dans l'esprit (ainsi, deux figures très différentes, mais
qui ont pour circonstance commune d'être des sections
coniques). Il y a là constitution d'un tout,
non plus formation d'une série.
5Jean
Giono, Le
Voyage en Italie, Gallimard, 1953.
Je me suis efforcé de décrire le monde non pas comme il est mais comme il est quand je m'y ajoute, ce qui évidemment ne le simplifie pas.
Voici une façon littéraire de parler de la relation triadique et de revenir ainsi à Peirce.
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