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Le signe, Sémiotique/Sémiologie : Peirce/saussure

1Gérard Deledalle, Lire Peirce aujourd'hui, Bruxelles, Deboeck-Westmael, 1990, p.122-123.

Peirce définit le signe de la manière suivante :

« Un signe ou representamen est quelque chose qui tient lieu pour quelqu'un de quelque chose sous quelque rapport que ce soit ou à quelque titre. Il s'adresse à quelqu'un, c'est-à-dire crée dans l'esprit de cette personne un signe équivalent ou peut-être un signe plus développé. Ce signe qu'il crée, je l'appelle l'interprétant du premier signe. Ce signe tient lieu de quelque chose: de son objet. Il tient lieu de cet objet, non sous tous rapports, mais par référence à une sorte d'idée que j'ai appelée le fondement du representamen. » [2.228]

Est signe tout ce qui répond à cette définition aux trois conditions fort bien mises en évidences par Greenlee [105]. Première condition nécessaire, mais non suffisante: le signe doit avoir “des qualités qui servent à le distinguer, un mot doit avoir un son particulier différent du son d'un autre mot”[7.356]. Mais il ne suffit pas de percevoir un son pour le reconnaître comme signe. Deuxième condition nécessaire, mais non suffisante: le signe doit avoir un objet, mais la relation de deux objets ne suffit pas à faire de l'un le signe de l'autre: la relation de la girouette avec le vent est impuissante à faire de la girouette le signe de la direction du vent. Il faut pour cela un troisième élément: l'interprétant. D'où la troisième condition nécessaire et suffisante sur laquelle nous ne reviendrons pas: la relation sémiotique doit être triadique, comporter un representamen, un objet et un interprétant: le REPRESENTANMEN [qualités perçues d'un objet] doit être reconnu pour signe d'un OBJET par le moyen d'un INTERPRETANT [1.541].

Que le signe renvoie à un objet et qu'il a une signification ne heurte pas nos habitudes mentales, encore que cela ne laisse pas de poser des problèmes quand on vient à se demander ce qu'est cet objet et ce qu'on entend par « signification ». La notion d'interprétant est nouvelle. L'interprétant n'est ni le sujet qui interprète ni le signifié. L'interprétant est un autre signe dont la signification permet d'interpréter la signification du premier.

http://webup.univ-perp.fr/lsh/rch/semiotics/irsce/deledalle.html

2« SEMIOTIQUE » in Dictionnaire théorique et critique du cinéma
par
Jacques Aumont et Michel Marie, Nathan, 2001.
Si le suisse francophone Ferdinand de Saussure définit le programme de la sémiologie, c'est le logicien américain Charles S. Peirce qui a proposé celui de la sémiotique dont le projet est très parallèle. Peirce entend étudier tous les systèmes de signes créés par l'homme, indépendamment du modèle linguistique. « Sémiologie » a donc désigné plutôt les recherches francophones à partir de Roland Barthes, et  « Sémiotique » les recherches anglophones et celles qui ont été influencées par ce courant. Ainsi Peter Wollen [1968] oppose-t-il aux conceptions de Saussure et de Christian Metz, qui lui semblent exagérer l'importance du verbal dans le filmique, le modèle de Peirce ; il met ainsi l'accent, d'une part sur l'importance des aspects indiciel et iconique dans le film, d'autre part sur la possibilité d'une véritable « dimension conceptuelle » du cinéma utilisant la rhétorique et toutes les formes du symbolisme.
De façon plus générale, la sémiotique a fini par englober la sémiologie au moment où celle-ci s'est intéressée aux rapports qu'entretiennent les signes et les symboles avec l'inconscient et la production littéraire puis artistique au sens large.

3Gérard Deledalle, Lire Peirce aujourd'hui, Bruxelles, Deboeck-Westmael, 1990, p.111-112.
A l'inverse de celle de Saussure, la théorie des signes de Peirce est plurielle et engagée (avec ou sans signification politique selon que son lieu d'application est ou n'est pas politique). Cette conception plurielle et engagée du signe tient à la nature même du signe dans la sémiotique peircienne.
Le signe est une relation triadique. La triadicité peircienne du signe a une double origine, mathématique et kantienne. Mathématique:“Il est impossible de former un trois authentique sans introduire quelque chose d'une nature différente de l'unité et de la paire”. Ainsi “le fait que A offre à B un cadeau C est une relation triple et en tant que telle il n'est pas possible de la ramener à une combinaison de relations doubles”. En fait, l'idée même d'une combinaison implique celle de tiercéité, car une combinaison est quelque chose qui est ce qu'il est par les parties qu'il met en relation. […]
Que la théorie saussurienne soit dyadique est un fait. Toutes les analyses de Saussure sont dichotomiques:signifiant/signifié, langue/parole, synchronie/diachronie, etc. Faut-il y voir la marque du “tempérament dichotomique” de Saussure, comme le suggère Marcel Cohen, que ce dichotomisme n'est “nullement nécessaire à l'étude de la linguistique”. C'est en fait parce que la sémiologie saussurienne est associationniste qu'elle est dualiste — comme toute la philosophie occidentale depuis Platon, y compris le cartésianisme que l'associationnisme prolonge. Alors que, pour Peirce la sémiotique est un autre nom de la logique: “la doctrine quasi nécessaire ou formelle des signes” [2.227], pour Saussure, la sémiologie fait “partie de la psychologie sociale et par conséquent de la psychologie générale” [Cours, 33]. Disons cependant, pour éviter tout malentendu, que ce qui est en question ici est la place que la théorie des signes occupe parmi les autres “sciences”.

4Gilles Deleuze, “La crise de l'image-action”,
Cinéma 1, L'image-mouvement, Minuit, 1983, p.267.

… car la relation est toujours tierce, étant nécessairement extérieures à ses termes. Et la tradition philosophique distingue deux espèces de relations, relations naturelles et relations abstraites, la signification étant plutôt du côté des premières, et la loi, ou le sens, plutôt du côté des secondes. Par les premières, on passe naturellement et facilement d'une image à une autre:par exemple d'un portrait à son modèle, puis aux circonstances dans lesquelles le portrait fut fait, puis à l'endroit où le modèle est maintenant, etc. Il y a donc formation d'une suite ou série habituelle d'images, qui n'est pas illimitée toutefois, car les relations naturelles épuisent assez vite leur effet. La seconde espèce de relations, la relation abstraite, désigne au contraire une circonstance par laquelle on compare deux images qui ne sont pas unies naturellement dans l'esprit (ainsi, deux figures très différentes, mais qui ont pour circonstance commune d'être des sections coniques). Il y a là constitution d'un tout, non plus formation d'une série.

5Jean Giono, Le Voyage en Italie, Gallimard, 1953.
Je me suis efforcé de décrire le monde non pas comme il est mais comme il est quand je m'y ajoute, ce qui évidemment ne le simplifie pas.

Voici une façon littéraire de parler de la relation triadique et de revenir ainsi à Peirce.

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