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Fonction poétique [contexte]


François Tosquelles, Fonction poétique et psychothérapie, éditions Érès, 2003.

« N'oublions pas cependant que, dans le fait de parler, il y a toujours d'emblée une production et un travail poétiques de la parole, une sorte de jeu phonétique qui ne se limite, ni aux “exclamations” que nous poussons, souvent en particulier quand nous travaillons la boue et d'autres objets qui prennent la même valeur fonctionnelle, ni non plus, évidemment, à ce qui constituera souvent, la recherche obstinée de significations cognitives intelligibles, ou la retransmission des “techniques” que nous avons utilisées pour faire ce que nous faisons.
Il s'agit plutôt d'une sorte de “grâce” que la parole porte et dont elle fait d'elle-même don des uns aux autres. Le jeu, la grâce et l'expérience vécue maintiennent d'intenses liens dans les formes infantiles du langage. Il se crée ainsi une “matière poétique”. Cela se passe toujours ainsi, même si peu d'enfants deviennent plus tard des professionnels de la poésie, comme Biel. La majorité des gens oublient ou évitent de reproduire le jeu gracieux des paroles, embarqués qu'ils sont dans la production des discours. De toute manière, il arrive fréquemment qu'avec la crise de la puberté qui repose les problématiques du corps, celles de l'identité propre et de la qualité des relations de l'adolescent avec les autres, l'inquiétude “poétique” renaisse d'une façon ou d'une autre chez beaucoup de gens :
… “J'avais quatorze ans et deux mois,
… quand…” — “je découvris… la poésie”
nous dit Biel dès les premiers vers de “In Memoriam”.
La fonction poétique du langage ne disparaît jamais tout à fait et nous la trouvons même, si nous la cherchons bien, dans les discours les plus incongrus ou les plus intéressants par leurs effets pratiques, commerciaux ou pédagogiques ; elle s'y branche et s'y relie intérieurement avec les intentions les plus manifestes, elle va et vient par des circuits et des chemins qui vont souvent à contresens de ce qu'on voulait dire. C'est que, pour résumer, nous ne pouvons oublier que c'est seulement par les chemins de la fonction poétique du langage que continue à se tisser toujours la singularité radicale de chacun. Le métier que nous choisissons peut habiller l'identité de chacun, la renforcer parfois, mais il constitue souvent un simple déguisement : connaître ou reconnaître quelqu'un et évidement soi-même n'est jamais possible en considérant seulement sa manière d'exercer son travail social, son métier ou sa fonction.
S'il nous faut donc, en ce qui concerne notre métier de psychothérapeute, aider à ce que le sujet singulier qui nous parle retrouve tout au moins quelques unes des coutures décousues ou des déchirures de son identité en question, il nous faudra faire attention aussi bien à ce que les paroles disent ou cachent, ou aux actes volontaires ou involontaires pour insignifiants qu'ils soient, qu'à la fonction poétique qui en fait les relie » (p. 24-25)

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