LE COIN D'ANNICK BOULEAU : FILMOGRAPHIE

observer, deviner, pratiquer

GENÈSE
au cours des séances
depuis le début


STYLE
à table

carnets de bord
> carnets d'annick


REPÈRES
à lire
constellation

entre nous
> jean oury

> jean-luc godard

> jean-marie straub

> georges didi-huberman

> p. j. laffitte/o. apprill


TERRAINS

TECHNÈ

PLUMES

DANS L'INSTANT

CONFIDENCES

LE COIN DES AMIS

LE COIN D'ANNICK B.
filmographie

CONTACT

RETOUR ACCUEIL


LES WIKI D'OLC
le livre impossible

<<<<<<< •• >>>>>>>
<—                           —>

Portrait de groupe avec Straub

miniDV couleurs, 57', 2011.
réalisation (image, son, montage) : Annick Bouleau
Production : Ansedonia (c)


Pour faire un lien vers ce film :
http://ouvrirlecinema.org/pages/mon-coin/ab/filmo/portrait.html



Clic sur l'image pour accéder au film

Après la projection à la Cinémathèque française de Itinéraire de Jean Bricard (2e version) de Danièle HUILLET et Jean-Marie STRAUB et de Femmes entre elles (Le Streghe) de Jean-Marie STRAUB, le 9 mars 2009.
JMS dialogue avec le public. J'ai filmé ce temps en plan-séquence avec une petite caméra vidéo tenue à la main, en contrôlant l'image sur l'écran latéral. Le son provient du micro incorporé de la caméra. J'ai préféré conserver les quelques moments quand ma main se 'crispe' plutôt que de 'casser' le rythme de l'échange.

(mouvement 1)
Comment filmer un corps parlant ?
Les images et les sons ne sont pas une réponse mais le questionnement matérialisé, toujours singulier.
• Peu importe le domaine ('cinéma-cinéma', images-installation, cinéma 'amateur', …),
• Peu importe le genre (fiction, documentaire, etc., etc.,),
•  Peu importe qu'il ne s'agisse, comme pour ce portrait, que de la fonction la plus basique de l'enregistrement, au travers de la machine, de la réception des ondes lumineuses et sonores sur un support.
Quand la réception devient accueil.

C'est d'abord une question de rencontre (avec les ondes, avec les corps ou les objets nous renvoyant ces ondes par l'intermédiaire de la machine-caméra).
Et l'on ne se présente pas n'importe comment dans la rencontre.
Il faut avoir — soi-même, et donner au plan une certaine tenue. C'est une question d'éthique.
C'est là que les prises de position de Jean-Marie STRAUB et de Jean OURY se rejoignent dans le questionnement généralisé en marche sur notre site.
« QU'EST-CE QUE JE FOUS LÀ ? »
La formulation apparemment non sérieuse et irrévérencieuse de Jean OURY est une voie d'accès à cette éthique.

(mouvement 2)
Des rapports du titre et du cadrage

Pour l'instant, personne ne m'a questionné sur le titre.
Ce titre, qui pose d'abord le groupe et non la personne de l'artiste. Sur le plan logique, c'est reconnaître une sorte de hiérarchisation (au sens où ce n'est pas pareil de commencer par un élément ou par un autre) qui va opérer, être à l'œuvre.
Du groupe à la personne et non l'inverse, donc.

I
À cette l'occasion, ma petite caméra était équipée d'une optique supplémentaire grand angle (catastrophique sur le plan de la qualité d'image).
Ma décision, a priori, était de pouvoir enregistrer non seulement la 'vedette-fétiche' de la soirée mais ce qui pouvait se passer tout autour (et donc, en premier lieu, les relations entre les personnes susceptibles de rejoindre JMS). Pari qui s'est avéré plus risqué que prévu car j'ignorai l'accident dont avait été victime JMS que j'imaginais filmer sur l'estrade en compagnie des' sommités' habituelles.
Imaginez ma surprise quand je l'ai vu arriver en fauteuil roulant… se positionnant … parfaitement dans le cadre de l'écran latéral (j'étais arrivée très très lontemps en avance à la cinémathèque afin de pouvoir être sûre d'occuper cette unique place, qui permet de n'avoir aucun spectateur devant soi, sans être au premier rang !).

La suite fut une sorte de confiance dans 'ce que peut le cinéma', — c'est-à-dire, la 'technique' cinématographique.
En ajoutant à cela mes choix, mes partis pris, destinés justement à me provoquer, à m'obliger, dans l'immédiateté du filmage, à des transgressions éventuelles et, de toute façon, à faire fi de toute maîtrise superflue.

II
Ma petite caméra est aussi équipée d'un zoom dont, par décision, je ne me suis pas servie.
Dans mon travail, j'apprends à apprivoiser le zoom : son usage irréfléchi risque de nous faire tomber dans la paresse (s'approcher et choisir un cadre sans se déplacer), l'impatience (annuler ce temps du déplacement si minime soit-il et par là-même toutes ses potentialités de surprises aussi bien formelles qu'événementielles), un certain voyeurisme psychologisant (lorsqu'il s'agit de traquer le moindre rictus de la personne filmée) ou être assujetti à un lâche principe de précaution (pouvoir couper dans le plan en faisant des raccords propres !).

III
Au plan sonore, je pouvais faire confiance à la voix de Straub dont l'intensité se passe de micro !
Que je sois, moi aussi, rivée à mon fauteuil, non-roulant par-dessus le marché, n'était pas un handicap et permettait une relative distance de la 'scène'.

Il me semble donc que mon titre annonce la couleur de ce que ma caméra a enregistré : pas de fétichisation du personnage-artiste (pourtant, celui-ci, 'haut en couleurs' !) pour matérialiser — par un seul cadrage en plan d'ensemble — plutôt, un certain travail collectif de l'équipe qui s'est offerte à mon regard. Tout le monde, à égalité, dans le plan (cinéaste, acteurs, actrices, opérateur, monteuse, diffuseur…). Les rares décadrages 'affirmés' vont alors peut-être acquérir une certaine pertinence.

IV
À ces quelques considérations techniques, s'ajoutait celle-ci : comment filmer Straub, lui qui nous a mis la puce à l'oreille, de mille et une manières, sur la question de l'éthique, dans un plan de cinéma ?
J'avais été plus qu'étonnée, quelques temps avant cette projection, de la façon dont les étudiants de l'école du Fresnoy s'était permis de filmer Straub au cours d'un débat post-projection (dans le film d'Alain Fleischer : "Morceaux de conversations avec Godard”)
Si je considère l'acte de filmer, plus un accueil qu'une "prise" et plus un questionnement matérialisé qu'une réponse, comment filmer Straub sans avoir en tête ce qu'il a dit, un jour :
"Je pense que les gens qui travaillent dans le champ artistique doivent, sans glisser dans l'enflure et sans quitter d'un poil l'idée qu'il ne faut jamais provoquer des sensations, doivent traduirent des sensations qui correspondent à des expériences."
Portrait de groupe avec Straub n'est peut-être pas une réponse, mais en tout cas une façon de lui dire : Merci.

V
Arrivés à ce point de lecture, certains d'entre vous, auront peut-être envie de me rétorquer : mais enregistrer quelqu'un, comme ça, dans un débat, ne relève pas du champ artisque !
Eh bien, justement, si !
Dès qu'on prend une caméra en main, cela nous 'oblige', face à qu'on filme, nous engage.  Il n'y a pas de 'genre' qui tienne : fiction, documentaire (j'ai même découvert récemment l'étiquette 'documentaire conceptuel' !), reportage, etc…

On a trop tendance — j'écris "on" : c'est-à-dire tout le monde, et je fais partie de l'ensemble 'tout le monde' — on a trop tendance à mettre notre mouchoir sur cet aspect-là. C'est-à-dire à établir des hiérarchies (à différencier de la notion de hiérarchisation mentionnée plus haut). Que ce soit dans notre travail ou face au travail des autres.

Est-ce pour ce motif qu'une revue espagnole de cinéma où l'œuvre de JMS occupe une place prépondérante s'est donné le droit de mettre en ligne sur son site ce petit « film » (cad : un certain travail de la lumière enregistré sur un support) sans en avertir Ouvrir le cinéma ? (fin août : la 'copie' a été retirée)

(mouvement 3)
Du champ artistique…

(mise à jour : 7 août 2011… à suivre…)
On peut lire aussi la note du 9 mars 2009 sur la page DANS L'INSTANT.
… ainsi que la page Wikipédia consacrée à Straub-Huillet.

[retour]

 

Ouvrir le cinéma

   
s