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«Ouvrir… » (2009-2011)

Cette fois-ci vont être associés des textes et une série d'images

La structure diaphane du cloisonnement gothique, Hans Jantzen

« L’analyse de la délimitation spatiale que j’expose dans ce qui suit se rapporte à une manifestation (Erscheinung) que je caractérise par le concept de structure diaphane. Commençons par indiquer à grands traits ce qu’il faut comprendre par là. Structure diaphane ne signifie pas la même chose que : création d’ouvertures, ou allégement dans le cloisonnement de la nef principale. Même l’art roman pratique très largement des trouées dans la délimitation spatiale du vaisseau central, mais il y a là un tout autre caractère que dans la structure diaphane qui caractérise le gothique. Ce qui, dans l’architecture romane, demeure toujours déterminant, c’est l’interprétation du cloisonnement comme masse murale continue et largement déployée, même lorsque l’on pratique le plus possible de trouées, par exemple par l’ouverture de larges arcades, la succession des arcs en plein cintre assume la fonction de souligner la continuité murale dans le rapport le plus étroit avec la “frontalité” (au sens de l’expression : faire front), posée en principe, de tous les éléments. La continuité murale n’a pas besoin de se déployer en surfaces nues (comme dans le cas des édifices du XIe siècle) : elle peut recevoir une animation par l’échelonnement des arcades, des galeries et par les nervures (c’est-à-dire ce qui apparaît en saillie au sommet des piliers. Mot propre : dosserets). Mais toujours lorsque la cloison romane de la nef est percée d’ouvertures, l’articulation murale tient le langage d’une alternance entre les éléments muraux fermés et ouverts, c’est-à-dire que les ouvertures reçoivent leur valeur d’articulation du contraste avec les parties fermées, même lorsque celles-ci se réduisent aux piliers, entendus comme représentants de la continuité murale.
La structure diaphane du cloisonnement gothique n’a rien à voir avec ces contrastes d’éléments muraux fermés et ouverts. Au contraire, le rapport de la paroi, comme masse corporelle et plastique, aux éléments d’espace qui sont derrière elle parle comme rapport entre masse corporelle et fond. Cela veut dire : la paroi comme délimitation du corps de la nef dans son ensemble n’est pas concevable sans ce fond d’espace, et c’est de lui qu’elle reçoit son pouvoir de produire un effet, le fond d’espace lui-même comme zone optique qui est, pour ainsi dire, à l’arrière de la cloison. Dans l’expression, “être à l’arrière de”, ce qui s’exprime, c’est la relation de la paroi matérielle au fond d’espace. Ce que veut dire, ainsi, le concept de structure diaphane, c’est que divers éléments d’espace qui se situent derrière la paroi murale (entendue comme délimitation de la nef) interviennent fonctionnellement comme pure manifestation optique dans la création stylistique que devient le cloisonnement de la nef. C’est seulement en direction de cette possibilité qu’il y a lieu d’utiliser les ouvertures. »
Hans Jantzen « Sur l'espace intérieur de l'église gothique » (1927), in Jean Beaufret, Leçons de philosophie, I, Introduction, libres propos au sujet de “qu’est-ce que la philosophie ?”, Seuil, Traces écrites, 1998, p. 20-21.

Jean Beaufret va poursuivre sa 'leçon' en donnant trois exemples pour illustrer le concept de 'cloisonnement diaphane' (passage de Nevers à Laon par l'intermédiaire de Langres)
Cathédrale de Nevers
http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Nevers_Cathedrale_Nef.jpg
Cathédrale St Mammès de Langres
http://fr.structurae.de/photos/index.cfm?JS=108426
Cathédrale de Laon
http://fr.trekearth.com/gallery/photo857757.htm

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Essai sur l'histoire de la psychothérapie institutionnelle, Jean Ayme

« Mais certains considèrent que seule compte désormais la prise en charge des malades hors de l'hôpital, où ils les ont généralement laissé croupir dans une situation à peine modifiée depuis la période asilaire. Ils ont alors beau jeu de dénoncer l'hôpital comme lieu de chronicisation que précisément leur passivité a entretenu. L'hôpital devient un mauvais objet en opposition à l'extra-hospitalier, lieu paradisiaque où la schizophrénie se dissoudra par la seule vertu d'un évitement de l'hospitalisation. Si celle-ci est parfois consentie, c'est à regret, témoignage d'un échec et comme une mauvaise action. Cette naïveté 'écologique', plus ou moins teintée d'anti-psychiatrie, réalise une véritable fuite en avant dans laquelle vont s'engouffrer ceux qui étaient restés inactifs dans l'hôpital où ils se contentaient de distribuer des médicaments. Voilà un exemple de ce que j'appelle les faux problèmes. Au lieu de s'apercevoir que le fait qu'une même équipe s'occupe des malades tout au long de leur trajectoire thérapeutique induit une nouvelle dialectique du dedans et du dehors, ils s'en tiennent à une position manichéenne, la Société devenant une bonne mère et l'hôpital un lieu maudit. Certains pensent même qu'ils peuvent se passer totalement de l'hospitalisation plein-temps (ils laissent bien entendu cette charge aux collègues du secteur voisin) rejoignant ceux qui veulent 'brûler les hôpitaux psychiatriques' et préconisent le modèle italien. J'ai proposé, pour tenter de sortir de cette fausse opposition, de prendre, pour imager le secteur, le modèle topologique de la bande de Moebius caractérisée par le fait qu'on peut passer d'une face à l'autre sans franchir de bord, mettant en évidence ce qui constitue l'essence du secteur, la continuité. Pour en finir avec les faux problèmes, je rappellerai la prétendue opposition entre politique de secteur et psychothérapie institutionnelle, celle-ci laissant la place à la première en s'appuyant sur une approche historique simplette. Si elle a pris naissance dans l'hôpital, c'est parce qu'il n'y avait à l'époque pas d'autre lieu d'accueil de la psychose. L'hôpital doit être considéré, comme le rappelait récemment Hélène Chaigneau, comme le laboratoire où s'est élaborée cette nouvelle praxis liant le sociologique et le psychanalytique. Ceux qui ont pu, lors de leur fuite en avant vers les verts pâturages de l'extra-hospitalier, avoir l'illusion qu'il n'y aurait plus désormais de facteurs d'aliénation, ont bien dû convenir qu'un hôpital de jour ou un appartement thérapeutique n'échappait pas aux risques de chronicisation, et que dans une structure, aussi 'intermédiaire' soit-elle, on ne pouvait méconnaître sans risque l'élément axial de toute visée thérapeutique pour l'individu comme pour le groupe, le conflit.»
Jean Ayme, « Essai sur l’histoire de la psychothérapie institutionnelle »
http://balat.fr/spip.php?article82

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Anatomie comparée (oignon et coupe de tête humaine, Léonard de vinci + Jean DUBUFFET

« Si tu fends un oignon en son milieu, tu pourras voir et compter toutes les tuniques ou pelures qui forment des cercles concentriques autour de lui.
De même, si tu sectionnes une tête humaine par le milieu, tu fendras d’abord la chevelure, puis l’épiderme, la chair musculaire et le péricrâne, avec, au-dedans, la dure-mère, la pie-mère et le cerveau, enfin de nouveau la pie-mère et la dure-mère, et la rete mirabile ainsi que l’os qui leur sert de base. »
Quaderni V 6 v.
Léonard de Vinci, Carnets, tome 1, Gallimard, Tel, p. 203-204.

Ce petit texte est cité par Georges Didi-Huberman dans son livre Être crâne, (p. 19).
Dans une note au bas de la même page, GDH renvoie à quelques lignes de Jean Dubuffet (Lettre à Gaston Chaissac, 28 août 1950)  
:

« […] et une fois que j'ai voulu peler un oignon j'ai enlevé la première enveloppe puis la suivante et ainsi de suite jusqu'à ce que je me sois aperçu que j'allais enlever tout et qu'il n'y aurait plus d'oignon puisque un oignon n'est fait […] que d'enveloppes successives qui n'enveloppent à la fin rien du tout.Ça n'empêche qu'un oignon c'est quelque chose qui existe. Mais de l'éplucher ça n'avance à rien. »

Deux façons d'envisager le geste d'ouvrir…
Ces deux citations sont aussi une incitation à lire les interprétations de Georges Didi-Huberman…

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L'image ouverte, Georges Didi-Huberman

« Les images s’ouvrent et se ferment comme nos corps qui les regardent. Comme nos paupières quand elles clignent pour mieux voir, ici ou là, ce que l’image recèle encore de surprises. Comme nos lèvres quand elles cherchent leurs mots pour offrir une parole à ce regard, fût-il interloqué. Comme notre respiration, imperceptiblement suspendue, voire haletante, devant une image qui nous émeut. Comme notre cœur qui bat un peu plus vite à la mesure de l’émotion, dans son rythme de diastole qui ouvre et de systole qui ferme, de diastole qui rouvre et de systole qui referme, et ainsi de suite.
Cela, bien sûr, va s’entendre métaphoriquement. Nous sommes devant les images comme devant d’étranges choses qui s’ouvrent et se ferment alternativement à nos sens — que l’on entende dans ce dernier mot un fait de sensation ou un fait de signification, le résultat d’un acte sensible ou celui d’une faculté intelligible. Ici, nous avons cru avoir affaire à une image familière, mais voilà que, tout à coup, elle se referme devant nous et devient l’inaccessible par excellence. Là, autre version de cette même inquiétante étrangeté —, nous avons éprouvé l’image comme un obstacle insurmontable, une opacité sans fond, quand, soudain, elle s’ouvre devant nous et nous donne l’impression qu’elle nous aspire violemment dans ses tréfonds. Les images nous embrassent : elles s’ouvrent à nous et se referment sur nous dans la mesure où elles suscitent en nous quelque chose que l’on pourrait nommer une expérience intérieure. » […] (p. 25)

« Or, il faudrait savoir parler de l’image ouverte autrement que par métaphore, idée abstraite ou simple thème iconographique. » […] (p. 27)

« Dire que les images s’ouvrent et se ferment comme nos corps qui les regardent, c’est dire que les images sont créées par nous à notre image : non pas seulement à l’image de nos aspects, mais à celle de nos actes, de nos crises, de nos propres gestes d’ouverture. Si l’image et l’imitation ont partie liée, cela suppose que l’imitation elle-même ne se réduit en rien au critère de valeur à quoi l’a confiné, depuis Winckelmann, toute une tradition esthétique. Cela suppose que l’imitation, comme l’image qui en résulte, procède d’un paradigme essentiellement anthropologique et que la notion d’anthropomorphisme étend, quant à elle, ses pouvoirs bien au-delà de ce qu’on nomme couramment les arts figuratifs. » […] (p. 30)

Image et ouverture, chair et inconscient sont indissociables comme la matière elle-même est indissociable des intervalles qui la font, justement, tenir ou consister. L’ouverture est dans l’image un fait de structure, un portant, un principe d’animation — ce que j’ai nommé un motif — et non un simple thème à traiter iconographiquement ou typologiquement. Mais il leur faut affronter ce paradoxe : l’ouverture n’est pas seulement un état de fait ou un “dispositif”, comme on dit. C’est un acte, un processus d’altération. C’est donc un fait de structure qui porte atteinte à la structure (voilà, d’ailleurs, exactement ce que pourrait être une définition opératoire, critique et non clinique, du symptôme). En ce sens, je n’ai pas voulu parler de l’image ouverte dans les termes où Umberto Eco avait parlé, selon le point de vue structuraliste, d’une œuvre ouverte. Eco parlait de l’informe ou de l’informel, par exemple, au seul regard d’une “théorie de l’information”. Il faisait de l’ouverture un pur principe de réception — une “condition de la jouissance esthétique”, disait-il — fondé sur la nature “fondamentalement ambiguë” du “message” délivré dans une œuvre d’art. » […] (p. 32-33)

« L’image ouverte est, à sa façon, l’image toujours survivante du motif, immémorial et immédiat, de l’ouverture. Façon de dire que, dans l’image, les problèmes de spatialité — puisque, aussi bien, ouvrir nous dit d’abord une certaine opération sur l’espace — sont inséparables des problèmes de temporalité.
On ne peut comprendre tous ces motifs entrelacés qu’à impliquer la dimension anthropologique des images dans un point de vue métapsychologique capable de ne pas séparer l’image comme objet et l’image comme opération du sujet. […] On ne désintrique pas l’objet visuel (cette chose concrète de bois, de toile et de pigments, accrochée au mur d’un musée, par exemple) du sujet des regards (celui du peintre, du commanditaire, des amateurs qui se sont succédé devant l’œuvre, de nous-mêmes aujourd’hui). On ne désintrique pas l’image de l’imagination et celle-ci de l’économie psychique où elle intervient. »[…] (p. 34)

« L’expression d’image ouverte vise donc une économie très particulière de l’image — la plupart des images qui nous environnent ne nous proposant qu’écrans, bouche-trous, sutures par le semblant — où formes, aspects, ressemblances se déchirent et laissent apparaître, tout à coup, une dissemblance fondamentale. C’est alors que, selon la profonde remarque de Lacan dans son commentaire sur le “Rêve de l’injection d’Irma”, le “rapport imaginaire atteint lui-même sa propre limite” non pas du côté de la symbolisation mais bien du côté d’une réelle altérité, le “dissemblable essentiel, qui n’est ni le supplément ni le complément du semblable, [mais] qui est l’image même de la dislocation.” L’image ouverte désignerait donc moins une certaine catégorie d’images qu’un moment privilégié, un événement d’image où se déchire profondément, au contact d’un réel, l’organisation aspectuelle du semblable. » […] (p. 35)

« Sans doute faudrait-il finir par repenser les rapports de l’image au mot, de la chair au verbe, en se réglant, non seulement sur une sémiologie des mots prononcés, mais sur une phénoménologie des bouches— réelles ou imaginaires — qui sont supposées les prononcer, les murmurer ou les crier, fût-ce tacitement : histoire de mieux comprendre les rapports fondamentaux que l’image entretient avec l’incarnation et l’incorporation. » […] (p. 53-54)
Georges Didi-Huberman, L’image ouverte. Motifs de l’incarnation dans les arts visuels, Gallimard, 2007.

Pour tenter d'éviter les risques de malentendus sur des termes comme réel, imaginaire, symbolique, un travail prémiminaire s'impose :
http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9el_symbolique_imaginaire
http://fr.wikipedia.org/wiki/Discussion:R%C3%A9el_symbolique_imaginaire
http://www.freud-lacan.com/articles/article.php?url_article=hfrignet120305
http://www.causefreudienne.net/etudier/essential/imaginaire-symbolique-et-reel.html?symfony=a2e2b73d288e30bce149f5e0e9ed27db

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« taglio », Lucio Fontana

Il s'agit, semble-t-il, d'un geste 'reconstitué', Lucio Fontana ne souhaitant pas être photographié en acte.
Pour une approche du travail de Lucio Fontana :
http://www.fondazioneluciofontana.it/galleria.html
Taglio
, en italien, c'est une entaille, un geste. Une césarienne se dit taglio cesareo.
Les photos sont de Ugo Mulas. On les retrouve sur de nombreuses pages du Net.
Mais il est préférable d'aller sur le site consacré au photographe :
http://www.ugomulas.org/index.cgi?action=view&idramo=1107773031&lang=ita


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